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Versailles :
Histoire de l'orgue de la chapelle royale - La Classe d'orgue du Conservatoire - Visiter l'orgue de la chapelle royale

La chapelle royale, dernier grand chantier du roi-Soleil


Si Louis XIV annonce la construction de la Chapelle royale dès 1682, au moment où la cour s'installe à Versailles, les travaux ne seront achevés qu'en 1710 sous la direction de l'architecte Robert de Cotte et au terme d'un chantier entrepris par Jules Hardouin-Mansart en 1687. La Chapelle royale de Versailles, fruit d'une longue maturation, représente sans doute la partie la plus aboutie du Château. Des efforts financiers considérables ont été consentis (plus de deux millions et demi de livres) afin de permettre sa réalisation, alors que la France était engagée dans la guerre de Succession d'Espagne. L'obstination de Louis XIV à mener à terme ce chantier fut d'autant plus remarquable qu'il rencontra l'opposition de son entourage, jusqu'à Madame de Maintenon.

La noblesse de son architecture et la qualité exceptionnelle de sa décoration font de cette chapelle un des grands chefs-d'oeuvre de l'art sacré. Conformément à la tradition des chapelles palatines, elle comporte deux niveaux. La tribune principale, au-dessus de l'entrée, était réservée à la famille royale, les tribunes latérales aux princes du sang et aux principaux dignitaires de la cour ; les autres fidèles se tenaient au rez-de-chaussée.

La chapelle dédiée à saint Louis, ancêtre et saint patron de la famille royale, est le dernier édifice construit à Versailles sous le règne de Louis XIV. Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, elle servit de cadre aux cérémonies religieuses de la cour de France: messes de l'ordre du Saint-Esprit, Te Deum pour les victoires militaires, baptêmes et mariages princiers dont le plus célèbre fut celui du Dauphin, futur Louis XVI, et de l'archiduchesse Marie-Antoinette.

Ce dernier grand chantier du règne est aussi de loin celui qui a concentré le plus d'efforts et de talents : deux architectes, sept peintres, et cent vingt sculpteurs furent mobilisés pour ériger cet édifice si longtemps imaginé et préparé par le souverain vieillissant.

Le décor illustre principalement la Passion du Christ et la Trinité glorieuse.

Dédiée à Saint- Louis, la chapelle est bénie le 5 avril 1710, cinq ans avant la mort de Louis XIV. Elle constitue son véritable testament spirituel.

La situation de l'orgue de la Chapelle royale


Passionné de musique, Louis XIV veut que les cérémonies qui se déroulent dans sa chapelle soient les plus belles d'Europe. Il renforce ainsi les effectifs musicaux et procède lui-même au recrutement des musiciens et des chanteurs. Il installe l'orgue à l'étage de la tribune, en face de lui, au-dessus du retable du maître-autel. Cette situation privilégiée est tout à fait unique. Installé en 1711, cet instrument de Robert Clicquot et Tribuot aurait été inauguré le jour de Pâques par François Couperin. Par sa riche tonalité blanche et or, l'orgue prolonge le retable du maître-autel et assure un lien avec La Résurrection du Christ peinte à la voûte par Charles de La Fosse. Le buffet a été réalisé par des sculpteurs ornemanistes de grand talent : Marin Belan, Robert de Lalande, André Legoupil et Pierre Taupin, placés sous la direction de Jules Degoullons.

A propos de l'orgue de la Chapelle royale


L'instrument de la chapelle royale est unique en son temps car il est vraisemblablement le seul grand instrument à ne pas posséder pas de Positif de dos. Le dessin des architectes et l'environnement particulier de l'instrument (entouré par des musiciens) a amené à la suppression du buffet de positif.
Malgré l'absence de ce buffet, le clavier de positif reste situé au premier clavier et il fait entendre des jeux moins sonores que ceux du grand-orgue. Les tuyaux des claviers de Grand-Orgue et du Positif sont pourtant situés sur le même sommier. Un sommier dit "intercalaire" où les tailles des tuyaux recréent un espace sonore différencié.

L'orgue actuel est neuf et se présente comme l'instrument des Clicquot tant il retrace les trois orgues Clicquot que la chapelle a connue dans son histoire. Sa sonorité est clairement orientée vers celle du 18ème siècle. L'orgue de Houdan est l'un des modèles majeurs de cette reconstruction, ainsi que celui de la cathédrale de Poitiers.
Le buffet actuel est classé monument historique et il est dans son état d'orgine, hormis le pupitre et le banc qui sont reconstitués, ainsi que les claviers en os et tirants de registres en ivoire.

1711 : achèvement de l'orgue par Robert Clicquot et Tribuot

1736 : Louis-Alexandre Clicquot ajoute un troisième jeu à la pédale et une Grosse Tierce

1762 : François-Henri Clicquot modifie plus profondément la composition. Au Grand Orgue il remplace le Bourdon de 16' par une Montre de 16', au Récit il remplace la Trompette par un Hautbois, au Positif il remplace le Larigot par une Trompette et au clavier d'Echo il ajoute une Flûte 8' et une Trompette.

1817 : Pierre-François Dallery supprime les Mixtures du Grand Orgue pour y placer une Flûte. Il ajoute également une Flûte au Récit.

1873 : Aristide Cavaillé-Coll modifie l'instrument pour contruire une orgue de deux claviers (II/P/23). L'instrument est actuellement à Saint-Martin de Rennes.

1936 : Victor Gonzales construit un nouvel instrument

1994-96 : Jean-Loup Boisseau et Bertrand Cattiaux construisent un instrument dans l'esprit de ceux des Clicquot dans le respect et l'authenticité de l'Art de la facture de d'orgue de l'époque.

Composition instrumentale



37 jeux, 4 claviers et pédalier

1er clavier POSITIF (11 jeux)
50 notes (ut1 à ré5 sans 1er ut#)

Montre 8 - Bourdon 8 - Prestant 4 - Flûte 4 - Nazard 2 2/3 - Doublette 2 - Tierce 1 3/5 - Larigot 1 1/3 - Plein-jeu VI - Trompette 8 - Cromorne 8

2eme clavier GRAND-ORGUE (16 jeux)
50 notes (ut1 à ré5 sans 1er ut#)

Bourdon 16 - Montre 8 - Bourdon 8 - Dessus de Flûte (Ut3) - Prestant - Grande Tierce 3 1/5 - Nazard 2 2/3 - Doublette 2 - Quarte 2 - Tierce 1 3/5 - Fourniture IV - Cymbale IV - Grand Cornet V (ut3) - Trompette 8 - Clairon 4 - Voix Humaine 8

3ème clavier RECIT (3 jeux)
32 notes (sol2 à ré5)

Cornet V - Trompette 8 - Hautbois 8

4ème clavier ECHO (3 jeux)
32 notes (sol2 à ré5)

Bourdon 8/Prestant 4 (sur un même registre) - Cornet III - Voix Humaine 8

PEDALE (4 jeux)
30 notes (la0-ut1-ré1 à Fa3)

Flûte 8 - Flûte 4 - Trompette 8 - Clairon 4

Tremblant doux, tremblant fort (à vent perdu), accouplements à tiroir : I/II et II/III, tirasse G.O.


Les organistes de la chapelle



Sous Louis XIV :

Quartier de janvier : Jacques Thomelin (1656-1678) puis François Couperin (1693-1730)

Quartier d'avril : Jean-Baptiste Buterne (1678-1721)

Quartier de juillet : Guillaume-Gabriel Nivers (1678-1706), Louis Marchand (1706-1708) puis François Dagincourt (1708-1736)

Quartier d'octobre : Nicolas-Antoine Lebègue (1678-1702) puis Gabriel Garnier (1702-1721)

Après Louis XIV et jusque 1790 :

Guillaume-Antoine Calvière, Claude Balbastre , Jean Landrin, Louis-Claude Daquin, Nicolas Paulin, Pierre-Claude Fouquet, Armand-Louis Couperin, Nicolas Séjan, Pierre-Louis Couperin, Jean-Jacques Le Bourgeois, Jean-François Dandrieu à partir de 1721 et Jacques-André-François d'Agincour.

Le 1er janvier 1764, Louis XV demande à entendre le jeune Mozart jouer de l'orgue à la chapelle royale. L'enfant frappe une note prolongée, puis une autre, suivie d'un déluge d'harmonie. Le roi est stupéfait ! En 1778 on lui propose le poste d'organiste de la chapelle pour six mois par an, mais Mozart refuse.

Après la reconstruction de l'orgue en 1995 :

Michel Chapuis est organiste titulaire de 1995 à 2010.

Michel Bouvard, Frédéric Desenclos, François Espinasse et Jean-Baptiste Robin lui succèdent.